2 Ans à AÏN- SEFRA
Sud oranais 1941-1943
1 La maison , la gare.
2 Les pères Blancs: Jolivet, Frémeaux, Segretain, Krebs, Hogoma, Janin
"Les Pères Blancs ont sauvé beaucoup de jeunes à l’époque. Ils ont laissé derrière eux un vide "grand" que les Algériens ont bien ressenti. Est-ce grâce à l’efficacité et à la méthode
d’enseignement pratiquée dans leurs écoles ?" « un algérien sur le net »
3 Les frères: Louis, Marcel, Joseph,Jean-Marc.
4 La vie scolaire:
Les cours
L'étude
les ateliers
Les récréations: la piscine, le foot, les sorties, les grandes sorties, Tiout, les scouts, le Kréder
5 La rebellion: Le noyau de datte
6 La polio: Roger Garcia
7 Les vacances: Le 3° barrage, le radeau, les dattes de Chine, les juifs, la piscine de la légion, les béguines , les dunes , la Gare, les copains : les 2 Ponsailler , les 2 Bazerques, les 4 Martinez roland, Raymond, Vincent et Paulo, Détoma; les copines : Hélène, Josette, Lydia ,Marceline
7Le marchand de Brochettes
8 Le poète
9 Les Restrictions, les ragoûts de Chameaux, la pénurie de sucre
10 Le débarquement des Américains
11 La légion étrangère : les salles de gym, les matchs de foot ,L'escrime,les Altères , la boxe ,
le cross
12 Le Père André: le M.C.R. ( mouvement des Chrétiens retraités à Aubagne)
13 La nouvelle du colonel Blanc
14 Marceau chez les pères Blancs
15 Quiqui et L'institut Pasteur
16 Le Légionnaire Flut
17le bois de boulogne
1/La maison la gare .
Mon père devenue « facteur enregistrant » avec prime du Sud ,l'été 1942 , la famille Martinez Camille au complet reprit son « barda » et le cheminot planta sa tente dans le Sud Oranais :
à Aïn-Sefra .Camille avait dégoté un logement pas loin de l'église ,de l'école public mais aussi de l'épicerie Garcia ,de la boulangerie Miraillès et de la boucherie :
deux grandes pièces ,une cuisine ,une courette ,un débarra ,un wc dans le coin et un robinet dans la cours . En deux temps et trois mouvements les meubles furent montés ,les penderies installées ,les pièces affectées même Quiqui notre petit chien, trouva sa place au débarra sur un sac de jute .
En même temps qu'un logement ,nôtre père avait pris les devants et l'inscription chez les pères blancs était faite:
Les pères blancs !! Parlons-en ! En Algérie les pères blancs étaient synonymes de redressement pour les enfants difficiles c'est ainsi que très tôt nous avions entendu parler d'eux sous forme de menace:
« Si vous n'arrêter pas de faire les voyous je vous « fout » en pension chez les pères blanc à Aïn-Sefra !»
Hé bien ,le premier octobre 1941 Raymond et Polo passaient sous le porche de l'institution Lavigerie ; tout « penauds » abattus nous nous retrouvions dans l'enceinte d'un purgatoire que notre père nous promettait depuis des années . L'institution ne ressemblait pas du tout aux écoles que nous avions fréquentées jusque là .
Dès les premiers pas ,à droite ,le local des scouts, puis deux classes alignées jusqu'à la chapelle: un renforcement, une grande battisse perpendiculaire aux classes, le ré-de-chaussée était aménagé en salle de spectacle et le premier étage en chapelle surmontée d'une niche ouverte ou pendait une cloche, puis une rue bordée de tamaris se perdait vers d'autres petites battisses et un grand jardin potager et fruitier.
A gauche du porche, d'autres classes. En face de la chapelle le bureau du père supérieur : le père Jolivet ; puis l'économat et le bureau du père Hogomat, puis on aboutissait à une grande cours carrée d'environ cent mètres de côté, contre l'économat le préau occupait tout un côté. Le deuxième côté était une clôture de tamarin et de barbelés contre la route qui menait au village nègre; puis une série de cabinets pour enfants et trois pour adulte. Le troisième côté se constituait d'un bosquet qui se perdait vers le village nègre, devant se petit bois des agrées: portique, corde a noeuds, balançoire, sautoir, pas de géant...
Le quatrième côté: un grand bâtiment de trois étages. Au réz-de-chaussée, l'étude qui pouvait recevoir deux cents élèves, le réfectoire et les cuisines. Au premier étage les chambres des pères blancs et des frères. Au deuxième étage les dortoirs: les petits et les grands séparés bien entendu. Derrière les études, un bassin d'irrigation baptisé pompeusement la piscine, et les ateliers; fer et bois. L'école était payante mais pas très cher puisque le petit cheminot au salaire modeste pouvait y envoyer ses garnements.
Le frère Louis nous distribua les livres et les fournitures scolaires .J'atterris en E.T.1 et Raymond en E.T.2 ,et le travail commença « Dar Dar » 13 heures de présence à l'institution : de 7 heures du matin à 20 heures le soir ;le repas de midi pris à la maison pour les externes ; pas de devoirs , pas de leçons et pas de cartable au domicile.
2/les peres blancs .
«C'est par leur foi » et leur persévérance qu'ils nous donnèrent confiance en nos propres forces dans nos capacités à atteindre la vérité d'un Dieu caché, ineffable et partout présent »
( Jules Vernes )
Le Père Supérieur:le RP JOLIVET dirigeait l'institution: la soixantaine , une grande carcasse, les yeux bleus, la voix grave dont les silences étaient compris par tous; ses apparitions rétablissaient le calme; C'est lui qui distribuait les billets d'honneur, les sanctions, les prix, et le nerf de Boeuf. Son outil était un mythe: personne ne l'a jamais vu et il n'y avait que lui qui avait le droit de s'en servir. Il en parlait à chaque rentrée et c'était tout. On racontait, qu'il avait été officier de marine et qu'il commandait un navire de guerre en temps de paix ... Il avait des airs de prophète: Abraham. J'aimais sa voix à la messe du Dimanche au moment du « Crédo » ou du « Confitéor »que nous chantions en latin. Il dirigeait l'institution comme à la « Royale » son bateau et par tous les temps...
Le RP FREMEAUX :un grand maigre flottant dans sa soutane blanche ,la chéchia rouge jusqu'aux oreilles ,des sandalettes type père de FOUCAULT ,les joues roses ,l'oeil vif ,un sourire permanent , il s'occupait de nous en français et montait de petites représentation théâtrales : nous avons encore en mémoire les paroles de Théhodore Botrel retrouvée récemment par Jeanine où la morale était toujours présente et Raymond interprétait le Gueux reçu par un métayer charitable
« Puis le métayer s'endormit
La minuit étant proche..
Alors le vagabond sortit
Son couteau de sa poche
L'ouvrit, le fit luire à la flamme,
Puis se dressant soudain,
Il planta la terrible lame
Dans... la miche de pain!!! »
Morale:
Vous dormirez en paix, ô Riches,
Vous et vos capitaux,
Lorsque les gueux auront des miches
Où planter leurs couteaux!!!
Il caressait constamment sa barbe légèrement rousse, sa voix chaude résonnait dans la chapelle quand il chantait : « Tu es mon berger oh Seigneur !» .Il nous accompagnait pendant les grandes promenades et souvent au retour il ramenait les plus petits sur son dos. Pendant les récréations illisait son bréviaire sans lever la tête, absorbé, lointain, dans son ciel en conversation avec Dieu.
Le RP JANIN: doux, soigné, une diction des châteaux de la Loire, une barbichette comme la chèvre de monsieur Seguin : il nous racontait avec joie et satisfaction ses missions en Afrique preuves à l'appui avec ses albums photos ,ses parties de chasse pour protéger les paroissiens des panthères qui rodaient autour des huttes et s'attaquaient surtout aux enfants imprudents qui sortaient du village à la tombée de la nuit ; ses déplacements à bicyclette pour assurer son service dans les tributs voisines . Il évoquait avec plaisir le travail de ses « ouailles » pour construire une chapelle en torchis séché avec un petit clocher et une jolie petite cloche. L'histoire, la géographie, le dessin étaient les matières dont il était responsable.
C'est avec lui que j'ai commencé à aimer les couleurs , les frises, les mosaïques , les natures mortes :un casque colonial, une sandale, une Godasse et le problème des ombres était posé
Malheureusement, un beau matin, il s'absenta, le père Jolivet nous annonça son départ pour Maison Carrée dans le but de se refaire une santé , il nous lu quelques lettres, courageuses, affectueuses pour nous, ses élèves; le père Janin nous aimait beaucoup: nous étions ses enfants .Deux mois passèrent et le Révérend Père Blanc quitta ce bas monde :Rappelé par le Seigneur. Le père Supérieur organisa une grande Prière pendant l'étude du soir suivi d'un grand silence
Le RP SEGRETAIN :un petit râblé ,trapu ,cours de partout ,agile comme un singe ,qui n'hésitait pas à courir derrière un ballon avec nous entre midi et deux en remontant sa soutane .Il jouait ailier droit et DETOMA ailier gauche ,RAYMOND gardien de but et le frère LOUIS arbitrait les matchs ,une équipe capable de lancer des défis à la légion étrangère .Il nous enseignait les maths et les sciences , j'ai beaucoup progressé en mathématiques et m'a fait aimer les sciences .
Le RP KREBS : grand ,légèrement bedonnant avec un accent germanique une grande barbe grisonnante ,il s'occupait de l'instruction religieuse ,on le surnommer COBUS sans savoir pourquoi, il devenait tout rouge quand il s'énervait après DESSOLIER un élève turbulent dont les parents résidait à Alger .Cest le seul père blanc que nous chahutions en bourdonnant en fin d'étude quand les devoirs étaient terminés
Le RP HOGOMAT : le plus âgé, tout en rondeur aux chaussures éculées rigoureux comme un comptable, économe, dans son économat :c'est lui qui tenait les comptes, qui encaissait les frais de scolarité et contrôlait les fournitures scolaires. Accessoirement, il nous parlait de l'ancien et du nouveau testament en instruction religieuse pendant que le frère LOUIS assurait les cours de morale et d'instruction civique aux élèves musulmans et israélites. Il était plus rusé que nous et ce n'est pas peu dire.Aïn-Séfra: la place, l'église, l'école laïque, où ma soeur Jeanine était scolarisée. L'école a brû.lé pendant notre séjour. Le lendemain,entre 4 murs qui fumaient encore, les ossements métalliques du piano jonchaient le sol à l'endroit où, la veille, il donnait le 'La ' aux écoliers
3/Roger garcia au pas de géant
Roger, un bon camarade de classe, en ET1, mais aussi un voisin au village. Ses parents tenaient une épicerie mitoyenne à notre maison. Nous étions clients à cause de la proximité. Très tôt, nos parents s'aperçurent que Mostaganem avait abrité leurs adolescences De plus Roger était dans ma classe, et « Boy-scout » avec Raymond ce qui arrangeait nos familles surtout que Roger était handicapé: la « polio » avait frappé quelques années plutôt Avec une retraite et l'èpicerie la famille Garcia n'avait pas de fin de mois difficile Roger était choyé, sa soeur Gisèle avait un piano et donnait des leçons de solfège dont Jeanine profita longtemps.
Avec Roger nous avions une passion commune: les timbres. C'est Monsieur Roblès qui m'a four ni mes premières Semeuses que je classais dans des boites d'allumettes. C'est mon copain Roger qui m'a appris à organiser mon premier classeur : Il me passait des doubles .Il était très généreux mais il surveillait leur valeur à l'aide du catalogue Thiaude. Ses parents ne lui refusait rien. Il avait toutes les nouveautés il achetait des planches entières et les faisait oblitérer à la poste le jour de leur parution il en faisait « des coins datés » ce qui augmentait leur cotes Il était imbattable dans son domaine. Dans sa chambre une armoire abritait tous ses Classeurs.
A l'institution Lavigerie Roger prenait du bon temps il utilisait son handicap pour se faire respecter: il n'était pas le dernier à grimper au pas de géant pour se balancer et se servir de sa prothèse pour tamponner ses voisins: ses bras et ses mains avaient récupérer les forces perdues dans sa jambe au cours de sa maladie .
Aux inter-classe je le portais à « Bourriguette » : il déverrouillait sa prothèse se qui rendait le transport plus facile: il pouvait alors plier sa jambe .
Sud oranais 1941-1943
1 La maison , la gare.
2 Les pères Blancs: Jolivet, Frémeaux, Segretain, Krebs, Hogoma, Janin
"Les Pères Blancs ont sauvé beaucoup de jeunes à l’époque. Ils ont laissé derrière eux un vide "grand" que les Algériens ont bien ressenti. Est-ce grâce à l’efficacité et à la méthode
d’enseignement pratiquée dans leurs écoles ?" « un algérien sur le net »
3 Les frères: Louis, Marcel, Joseph,Jean-Marc.
4 La vie scolaire:
Les cours
L'étude
les ateliers
Les récréations: la piscine, le foot, les sorties, les grandes sorties, Tiout, les scouts, le Kréder
5 La rebellion: Le noyau de datte
6 La polio: Roger Garcia
7 Les vacances: Le 3° barrage, le radeau, les dattes de Chine, les juifs, la piscine de la légion, les béguines , les dunes , la Gare, les copains : les 2 Ponsailler , les 2 Bazerques, les 4 Martinez roland, Raymond, Vincent et Paulo, Détoma; les copines : Hélène, Josette, Lydia ,Marceline
7Le marchand de Brochettes
8 Le poète
9 Les Restrictions, les ragoûts de Chameaux, la pénurie de sucre
10 Le débarquement des Américains
11 La légion étrangère : les salles de gym, les matchs de foot ,L'escrime,les Altères , la boxe ,
le cross
12 Le Père André: le M.C.R. ( mouvement des Chrétiens retraités à Aubagne)
13 La nouvelle du colonel Blanc
14 Marceau chez les pères Blancs
15 Quiqui et L'institut Pasteur
16 Le Légionnaire Flut
17le bois de boulogne
1/La maison la gare .
Mon père devenue « facteur enregistrant » avec prime du Sud ,l'été 1942 , la famille Martinez Camille au complet reprit son « barda » et le cheminot planta sa tente dans le Sud Oranais :
à Aïn-Sefra .Camille avait dégoté un logement pas loin de l'église ,de l'école public mais aussi de l'épicerie Garcia ,de la boulangerie Miraillès et de la boucherie :
deux grandes pièces ,une cuisine ,une courette ,un débarra ,un wc dans le coin et un robinet dans la cours . En deux temps et trois mouvements les meubles furent montés ,les penderies installées ,les pièces affectées même Quiqui notre petit chien, trouva sa place au débarra sur un sac de jute .
En même temps qu'un logement ,nôtre père avait pris les devants et l'inscription chez les pères blancs était faite:
Les pères blancs !! Parlons-en ! En Algérie les pères blancs étaient synonymes de redressement pour les enfants difficiles c'est ainsi que très tôt nous avions entendu parler d'eux sous forme de menace:
« Si vous n'arrêter pas de faire les voyous je vous « fout » en pension chez les pères blanc à Aïn-Sefra !»
Hé bien ,le premier octobre 1941 Raymond et Polo passaient sous le porche de l'institution Lavigerie ; tout « penauds » abattus nous nous retrouvions dans l'enceinte d'un purgatoire que notre père nous promettait depuis des années . L'institution ne ressemblait pas du tout aux écoles que nous avions fréquentées jusque là .
Dès les premiers pas ,à droite ,le local des scouts, puis deux classes alignées jusqu'à la chapelle: un renforcement, une grande battisse perpendiculaire aux classes, le ré-de-chaussée était aménagé en salle de spectacle et le premier étage en chapelle surmontée d'une niche ouverte ou pendait une cloche, puis une rue bordée de tamaris se perdait vers d'autres petites battisses et un grand jardin potager et fruitier.
A gauche du porche, d'autres classes. En face de la chapelle le bureau du père supérieur : le père Jolivet ; puis l'économat et le bureau du père Hogomat, puis on aboutissait à une grande cours carrée d'environ cent mètres de côté, contre l'économat le préau occupait tout un côté. Le deuxième côté était une clôture de tamarin et de barbelés contre la route qui menait au village nègre; puis une série de cabinets pour enfants et trois pour adulte. Le troisième côté se constituait d'un bosquet qui se perdait vers le village nègre, devant se petit bois des agrées: portique, corde a noeuds, balançoire, sautoir, pas de géant...
Le quatrième côté: un grand bâtiment de trois étages. Au réz-de-chaussée, l'étude qui pouvait recevoir deux cents élèves, le réfectoire et les cuisines. Au premier étage les chambres des pères blancs et des frères. Au deuxième étage les dortoirs: les petits et les grands séparés bien entendu. Derrière les études, un bassin d'irrigation baptisé pompeusement la piscine, et les ateliers; fer et bois. L'école était payante mais pas très cher puisque le petit cheminot au salaire modeste pouvait y envoyer ses garnements.
Le frère Louis nous distribua les livres et les fournitures scolaires .J'atterris en E.T.1 et Raymond en E.T.2 ,et le travail commença « Dar Dar » 13 heures de présence à l'institution : de 7 heures du matin à 20 heures le soir ;le repas de midi pris à la maison pour les externes ; pas de devoirs , pas de leçons et pas de cartable au domicile.
2/les peres blancs .
«C'est par leur foi » et leur persévérance qu'ils nous donnèrent confiance en nos propres forces dans nos capacités à atteindre la vérité d'un Dieu caché, ineffable et partout présent »
( Jules Vernes )
Le Père Supérieur:le RP JOLIVET dirigeait l'institution: la soixantaine , une grande carcasse, les yeux bleus, la voix grave dont les silences étaient compris par tous; ses apparitions rétablissaient le calme; C'est lui qui distribuait les billets d'honneur, les sanctions, les prix, et le nerf de Boeuf. Son outil était un mythe: personne ne l'a jamais vu et il n'y avait que lui qui avait le droit de s'en servir. Il en parlait à chaque rentrée et c'était tout. On racontait, qu'il avait été officier de marine et qu'il commandait un navire de guerre en temps de paix ... Il avait des airs de prophète: Abraham. J'aimais sa voix à la messe du Dimanche au moment du « Crédo » ou du « Confitéor »que nous chantions en latin. Il dirigeait l'institution comme à la « Royale » son bateau et par tous les temps...
Le RP FREMEAUX :un grand maigre flottant dans sa soutane blanche ,la chéchia rouge jusqu'aux oreilles ,des sandalettes type père de FOUCAULT ,les joues roses ,l'oeil vif ,un sourire permanent , il s'occupait de nous en français et montait de petites représentation théâtrales : nous avons encore en mémoire les paroles de Théhodore Botrel retrouvée récemment par Jeanine où la morale était toujours présente et Raymond interprétait le Gueux reçu par un métayer charitable
« Puis le métayer s'endormit
La minuit étant proche..
Alors le vagabond sortit
Son couteau de sa poche
L'ouvrit, le fit luire à la flamme,
Puis se dressant soudain,
Il planta la terrible lame
Dans... la miche de pain!!! »
Morale:
Vous dormirez en paix, ô Riches,
Vous et vos capitaux,
Lorsque les gueux auront des miches
Où planter leurs couteaux!!!
Il caressait constamment sa barbe légèrement rousse, sa voix chaude résonnait dans la chapelle quand il chantait : « Tu es mon berger oh Seigneur !» .Il nous accompagnait pendant les grandes promenades et souvent au retour il ramenait les plus petits sur son dos. Pendant les récréations illisait son bréviaire sans lever la tête, absorbé, lointain, dans son ciel en conversation avec Dieu.
Le RP JANIN: doux, soigné, une diction des châteaux de la Loire, une barbichette comme la chèvre de monsieur Seguin : il nous racontait avec joie et satisfaction ses missions en Afrique preuves à l'appui avec ses albums photos ,ses parties de chasse pour protéger les paroissiens des panthères qui rodaient autour des huttes et s'attaquaient surtout aux enfants imprudents qui sortaient du village à la tombée de la nuit ; ses déplacements à bicyclette pour assurer son service dans les tributs voisines . Il évoquait avec plaisir le travail de ses « ouailles » pour construire une chapelle en torchis séché avec un petit clocher et une jolie petite cloche. L'histoire, la géographie, le dessin étaient les matières dont il était responsable.
C'est avec lui que j'ai commencé à aimer les couleurs , les frises, les mosaïques , les natures mortes :un casque colonial, une sandale, une Godasse et le problème des ombres était posé
Malheureusement, un beau matin, il s'absenta, le père Jolivet nous annonça son départ pour Maison Carrée dans le but de se refaire une santé , il nous lu quelques lettres, courageuses, affectueuses pour nous, ses élèves; le père Janin nous aimait beaucoup: nous étions ses enfants .Deux mois passèrent et le Révérend Père Blanc quitta ce bas monde :Rappelé par le Seigneur. Le père Supérieur organisa une grande Prière pendant l'étude du soir suivi d'un grand silence
Le RP SEGRETAIN :un petit râblé ,trapu ,cours de partout ,agile comme un singe ,qui n'hésitait pas à courir derrière un ballon avec nous entre midi et deux en remontant sa soutane .Il jouait ailier droit et DETOMA ailier gauche ,RAYMOND gardien de but et le frère LOUIS arbitrait les matchs ,une équipe capable de lancer des défis à la légion étrangère .Il nous enseignait les maths et les sciences , j'ai beaucoup progressé en mathématiques et m'a fait aimer les sciences .
Le RP KREBS : grand ,légèrement bedonnant avec un accent germanique une grande barbe grisonnante ,il s'occupait de l'instruction religieuse ,on le surnommer COBUS sans savoir pourquoi, il devenait tout rouge quand il s'énervait après DESSOLIER un élève turbulent dont les parents résidait à Alger .Cest le seul père blanc que nous chahutions en bourdonnant en fin d'étude quand les devoirs étaient terminés
Le RP HOGOMAT : le plus âgé, tout en rondeur aux chaussures éculées rigoureux comme un comptable, économe, dans son économat :c'est lui qui tenait les comptes, qui encaissait les frais de scolarité et contrôlait les fournitures scolaires. Accessoirement, il nous parlait de l'ancien et du nouveau testament en instruction religieuse pendant que le frère LOUIS assurait les cours de morale et d'instruction civique aux élèves musulmans et israélites. Il était plus rusé que nous et ce n'est pas peu dire.Aïn-Séfra: la place, l'église, l'école laïque, où ma soeur Jeanine était scolarisée. L'école a brû.lé pendant notre séjour. Le lendemain,entre 4 murs qui fumaient encore, les ossements métalliques du piano jonchaient le sol à l'endroit où, la veille, il donnait le 'La ' aux écoliers
3/Roger garcia au pas de géant
Roger, un bon camarade de classe, en ET1, mais aussi un voisin au village. Ses parents tenaient une épicerie mitoyenne à notre maison. Nous étions clients à cause de la proximité. Très tôt, nos parents s'aperçurent que Mostaganem avait abrité leurs adolescences De plus Roger était dans ma classe, et « Boy-scout » avec Raymond ce qui arrangeait nos familles surtout que Roger était handicapé: la « polio » avait frappé quelques années plutôt Avec une retraite et l'èpicerie la famille Garcia n'avait pas de fin de mois difficile Roger était choyé, sa soeur Gisèle avait un piano et donnait des leçons de solfège dont Jeanine profita longtemps.
Avec Roger nous avions une passion commune: les timbres. C'est Monsieur Roblès qui m'a four ni mes premières Semeuses que je classais dans des boites d'allumettes. C'est mon copain Roger qui m'a appris à organiser mon premier classeur : Il me passait des doubles .Il était très généreux mais il surveillait leur valeur à l'aide du catalogue Thiaude. Ses parents ne lui refusait rien. Il avait toutes les nouveautés il achetait des planches entières et les faisait oblitérer à la poste le jour de leur parution il en faisait « des coins datés » ce qui augmentait leur cotes Il était imbattable dans son domaine. Dans sa chambre une armoire abritait tous ses Classeurs.
A l'institution Lavigerie Roger prenait du bon temps il utilisait son handicap pour se faire respecter: il n'était pas le dernier à grimper au pas de géant pour se balancer et se servir de sa prothèse pour tamponner ses voisins: ses bras et ses mains avaient récupérer les forces perdues dans sa jambe au cours de sa maladie .
Aux inter-classe je le portais à « Bourriguette » : il déverrouillait sa prothèse se qui rendait le transport plus facile: il pouvait alors plier sa jambe .
3 commentaires:
Bonjour !
PN exilé au Portugal depuis 1972, j'aurais voulu savoir si vous avez connu MIRALLES Gaby, mon oncle,originaire de Saint-Cloud. J'ai toujours entendu dire qu'il avait séjourné chez les Pères Blancs.
Amicalement, Claude
merci claude de ton commentaire:j'ai été chez les pères blancs avec un Miraillès à ain sefra dont les parents avait une boulangerie au centre d'aîn Sefra mon beau père Vicente Alfred né à saint- cloud était cousin du boulanger.J'ai 80 ans j'ai fréquenté les pères blancs de 1941 à 1943 il n'y avait qu'un seul Miraillès cordiulement Paul
Bonjour, j'ai lu avec beaucoup d'intérêt vos souvenirs sur Ain Sefra pendant la période 41-42. Votre témoignage est de première qualité. Ma curiosité n'a toutefois pas été entièrement satisfaite. Cette époque était en effet marquée par la guerre, le régime du gouvernement Pétain, les restrictions, les difficultés d'approvisionnement. Je n'ai point perçu tous ces échos en toile de fond de votre récit. Comme je suis historien, auteur de plusieurs ouvrages parus sur l'Algérie au temps de la seconde guerre, je suis resté un peu sur ma faim. Aussi vous demanderai-je si à Ain Sefra, il n'y avait pas aussi tous ces rituels patriotiques en vogue à cette époque, le lever des couleurs dans les écoles (notamment chez les pères blancs), les rassemblements au monument aux morts, les défilés de la jeunesse, des anciens combattants européens et musulmans, qui se terminaient au son de la Marseillaise et de Maréchal nous voilà, sans oublier l'affichage du portrait de Pétain dans les lieux publics? A vous lire, l'impression que j'en tire est qu'Ain Sefra semblait être un îlot de paix, complètement éloigné des turbulences d'alors.
Je vous félicite pour avoir livré votre témoignage à la connaissance des nouvelles générations et des historiens.
Bien cordialement
Alfred Salinas, natif d'Oran, devenu Docteur d'Etat en sciences politiques et universitaire à Grenoble
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