vendredi 31 octobre 2008

Mirgon en duel etTchérépoff son témoin nos sauveurs
























Mirgon est blessé mais le duel continue ils font la UNE des journaux:









Le dorteur Mirgon nous a soignés à plusieurs reprises: Homme d'honneur en Duel et un grang chirurgien

1° il a recousu l'index à Miquette

2°il s'est occupé de notre ainé quand il s'est blessé avec sa carabine

3°il a remis mémé Jeanne en état de ses hémoragies qui l'affaiblissaient

4° il a enfin opéré pépé Camille suite au déraillement du train de marchandise Tiaret- Burdeau au cours d' un voyage exceptionel pour le ravitaillement des soldats pendant la campagne de Tunisie

Son complice Tchérépoff le médecin généraliste, son tèmoin en duel, mais celui qui m'a sauvé au cours de l'épidémie de Typhoïde qui qui séviçait pendant la guerre 39 -45

La colonie franco- musulmane vous remercie et plus particulièrement la famille Martinez camille.





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lundi 20 octobre 2008

Tiaret Arivée Le départ De Séfra table des matières







TIARET la LIONNE les 3 orpelines
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Les deux lionnes de la rue des Girondins
Les Gendres
Les deux Gamines, les saucissons
L’anisette en temps de guerre
Raymond s’émancipe
Jeanine
Miquette déguisée

L’indexe écrabouillé
Polo au cours complémentaire
M. Vasseau directeur
Melle Aïassa croise les jambes
Frankeichten en musique
Melle Klein en anglais
Mme Bresson et Rachid
L’instruction civique
Les poux

La Typhoïde
Les sauterelles
Le brevet élémentaire Ardaillon
La gendarmerie Gilberte, Eliane, Arlette
La medersa, l’Arabe
Rachid et sa marâtre
On laisse tous un jour un peu de notre vie sur les bancs de l’Ecole, on y apaise sa soif d’apprendre, de s’amuser, de chahuter, de la haïr ou de l’aimer : Moi, je l’ai épousée et elle me donne encore le plaisir de la chanter, ou de la dénigrer si bien que je resterai un fidèle compagnon de celle qui bonifie encore mon quotidien. Aubagne le 28 mai 2003
1 les deux lionnes de la rue des Girondins
Chaque année nous passions l’été à Mostaganem. Nous quittions les hauts plateaux torrides, brûlés par le soleil, pour des rivages plus frais : Carouba, moulin Bigorre, la Salamandre ou les sablettes. Pépé Camille mijotait ses projets de vacances à la mer avec le père Ponsailler et la mère Fontès durant la saison froide du Sersou frère aîné participait volontiers aux travaux ménagers, moi pas : il paraît que je faisais exprès de cogner les meubles pour que l’on me dise d’arrêter. Bref ! Nous étions bien dans cette pièce propre et tiède que ma mère rendait douillette avec des tapis en laine aux tons chauds tissés par les sœurs blanches d’Aïn-Séfra.
Le père avait déniché cet appartement grâce à la discorde des deux filles Pradel : madame Attané et madame Tournemire qui se partageaient l’immeuble au 10 rue des Girondins derrière la sous la préfecture. La cadette, la Tournevis, pour faire « rager » son aînée, avait jugé bon de louer une partie de son appartement à un cheminot qu’elle croyait communiste, et qui emmerderait sa frangine avec ses quatre gosses. Elle espérait qu’elle en Crèverait plus vite, déjà que la migraine la torturait depuis des lustres et qu’elle n’en venait pas à bout.
Géographiquement, la famille Martinez servait de tampon et de pare-chocs entre les deux sœurs qui se disputaient un héritage amassé en faisant suer le «burnous » par plusieurs générations. Jean et Nelly étaient les spécimens même de l’oisiveté : Poursuivis par les études, toujours fatigués, sauf pour se pavaner dans une Hotchkiss blanche ou un cabriolet attelé à un Alezan fauve à longue crinière. Le travail du garçon consistait à visiter les fermes, sept ou huit, des meilleures terres du Sersou et à compter les sacs de céréales au moment de la récolte et des battages ; le reste du temps, il allait et venait avec des airs à ramasser les épingles : il faisait la causette avec mémé Jeanne qui ne le trouvait pas méchant, seulement un peu « maricon ». Moi j’aimais bien Nelly je la trouvais bien rouleé elle faisait du piano, elle avait des tresses dans le dos comme les filles de bonnes familles mais.la mère Attané veillait au grain. Aussi je devais investir ailleurs.
Les Gendres
Les deux gendres aux Pradels comptaient pour beurre : L’un était un architecte défroqué dont le bureau servait de ramasse- poussière : ses règles et équerres étaient pendues à jamais. Pour entrer dans son antre, il fallait enjamber des boites de graisse, des pièces détachées de machines agricoles, ça sentait la pisse de rat, les rouleaux de vieux plans étaient rongés par les souris. Un téléphone à manivelle était abandonné sur les sacs de semences envahis par les charançons.Des boites éventrées, de la quincaillerie partout, toutes sortes d’outils et de sécateurs, des trousseaux de clés rouillés, un bric-à-brac où une chatte n’aurait pas trouvé ses petits. L’autre gendre, allait et venait carré comme un percheron qui passe sa vie à l’écurie en attendant sa ration d’avoine distribuée par son héritière d’épouse. Aucun des deux ne portait le pantalon, ils se saluaient et se vouvoyaient…. et les obus nous passaient par-dessus la tête. Mais, Béni et Oui-oui passaient le plus clair de leur temps à entortiller les petits Fellahs, l’architecte bruyamment dans son boui-boui à l’heure de la sieste, L’étalon plus discrètement du coté de Trumelet
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3 les deux gamines, les saucissons
Mémé Jeanne réalisait des prouesses de diplômacie pour ménager la chèvre et le choux. Elle avait gagné la confiance des deux parties : elle payait régulièrement le loyer à sa propriétaire qui faisait ses choux gras et elle gardait Odile et Marie-Thérèse : deux petite réfugiées havraises récupérées après la débâcle de 39-40 par la grande chèvre. Elle s’occupait des deux gamines, quand sa voisine de palier se rendait à Alger, soit disant pour sa migraine, en réalité, elle faisait le voyage pour obtenir un ajournement supplémentaire pour son grand dadais éffemminé qui était en âge de partir défendre la patrie. L’hotchkiss partait chargée de ravitaillement, les billets bleus à 3 zéros le « bacchiche » changeaient de mains dans les coulisses du gouvernement général et le planqué annonçait à sa confidente mémé Jeanne qu’il avait obtenu une rallonge de six mois. Il pouvait reprendre sans complexe une laborieuse oisiveté richement rémunérée.
Les deux gamines, ce n’était rien pour une mère de famille habituée au baquet de linge sale le lundi, au raccommodage le mardi, au repassage le mercredi, au ménage le jeudi, à l’ailloli le vendredi, au civet polenta le dimanche ; sept personnes à tenir propres et quatorze repas à servir tous les jours que Dieu a faits ; ce n’est pas tout, la mère trouvait le temps de fabriquer les pâtes, de cuire les confitures, de retricotter les pull-overs parce qu’on avait grandi… Odile et Jacqueline reprenaient goût à la vie quand elles venaient chez nous : elles pouvaient alors jouer, rire, sans être punies pour un oui pour un non. Elles trouvaient une famille à leurs dimensions, moins de « fioritures » mais plus de chaleur. Elles manifestaient à leur manière leur reconnaissance : elles chapardaient, de temps en temps, à leurs protecteurs un saucisson enfariné qu’elles dénichaient dans la cambuse : véritable caverne d’Ali Baba. Ma mère les sermonnait, mais pépère, sans complexe, partageait les rondelles, en marmonnant dans ses moustaches de poilu :
En voilà un que les anglais n’ auront pas ».
Pendant ce temps, Camille se tapait les trois huit au chemin de fer algériens construit par la France pour mettre en valeur le Sersou et que le blé dur ne manque pas au couscous quotidien des indigènes dont nous étions si proches par le cœur et si loin par les meurs. Quand le facteur enregistrant était de jour, le soir, il animait la Tiaretienne, la société de gymnastique, là, il façonnait nos corps à la barre fixe, aux anneaux ou aux barres parallèles. S’il était de nuit, l’après-midi, il piochait, semait, plantait, tout ce qu’il faut pour la grosse soupe : « le potajé ». ce n’est pas tout, il trouvait les forces pour convoyer quelques trains de marchandises jusqu’à Burdeau pour assurer le ravitaillement des troupes engagées sur le front en Tunisie , puis en Italie. Il ressemelait nos godillots et fabriquait son « Anisette ».
Et moi , j’étais affecté à la cochonnière, aux eaux grasses que je récupérais au restaurant du cousin Rodriguez et que je portais à la « tourie » entre midi et deux : il fallait bien que je serve à quelque chose : le potajé avec une oreille et une queue de cochon nous rendait l’ hiver moins pénible tout en assurant notre croissance.
4L’anisette en temps de guerre
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Le breuvage en question, la boisson nationale, aidait les travailleurs. Suivant la dose, elle permet de supporter la chaleur ou la misère : une larme dans un verre d’eau, elle désaltère ; par contre, bien tassée, un « lait de panthère »,elle aidait à oublier le malheur et la pauvreté. Alors, insidieuse, fruitée, tomate ou perroquet, elle brouillait les esprits, agissait comme les sables mouvants dont on peut plus se dépêtrer .On s’y enfonce inexorablement. Combien de petites gens ont sombré devant le zinc d’un café, engloutissant leurs payes, leur familles, leur vie, pour s’être nourri de ce breuvage aux apparences de lait maternel : quel piège notre anisette !
En 43, le précieux liquide était devenu rare. Mais son attrait mobilisait les imaginations pour s’en procurer. On se passait la recette ou une adresse ,ou un ustensile : 500 grammes de graines d’anis, quelques gouttes d’anétole, 30 litres de bon vin à 15 degrés, ce qui n’était pas exceptionnel là- bas, un alambic qu’on se passait à la tombée de la nuit, et le tour était joué. On se serait cru au temps de la prohibition… Ce qui augmentait le plaisir.
Camille, N’échappait pas au circuit, au jeu, à la réjouissance. Au printemps le soir venu, les enfants au lit, il transformait la cuisine-salle-de-bain- buanderie en laboratoire clandestin : sur le poêle cylindrique ,un gros bidon, quelques tuyaux de cuivre, un serpentin relié à l’évier, un tabouret en contrebas, des entonnoirs spécialisés : un pour l’eau, un pour le vin, un pour le goutte à goutte, enfin un bon feu, et dans la nuit peuplée de grillons en mal de solitude, l’anis concentrée parfumait l’atmosphère surchauffé, le précieux liquide cristallin descendait comme un goutte à goutte salvateur dans la bouteille carrée d’anisette Gras : souvenir de la meilleure « Mahia » d’avant la guerre.
Alors , intervenait le dégustateur : Pépère qui veillait pour la circonstance, usant de son gros nez, de ses moustaches, de ses papilles gustatives, faisant durer le plaisir, pour ce cérémonial, et pour son gosier, laissait tomber le verdict, s’exclamait :
« extra Camille » !
On pouvait inviter les amis à la « Fraîche », sous la véranda avec la « kémia » : olives cassées, anchois , radis, fèves au cumin, escargots piquants et se raconter des histoires grivoises, des souvenirs du « staffa club », ou faire des projets de vacances à Mostaganem. Ainsi on oubliait la guerre et les privations.
Madame Clerc, benjamine et soeur des deux lionnes, veuve depuis peu, prenait la vie du bon côté. Elle attachait plus d’importance à un beau prisonnier italien aux yeux bleus qu’à son héritage. Le « Rital » avait trouvé l’Amérique en France, il était tailleur pour dames dans le civil, et il passait le plus clair de son temps aux mensurations de ses riches clientes qu’ aux travaux de la terre. Enfin, un beau jour , la Clerc adopta un bébé qui ressemblait à l'italien. Le prisonnier ne souhaitait pas changer de statut et voyait arriver la fin de la guerre avec angoisse…la fille du sous-préfet aussi car l’italien exerçait aussi son talent dans les appartements de la haute administration. On ne jasait pas dans la rue des Girondins : on était plus préoccupé par l’épidémie de fièvre typhoïde qui descendait la rue Thiers : la route du cimetière arabe passait sous nos fenêtres et trois fois par jour des enterrements , au pas de course,
5/36 emmenait au « macabras » les macabés roulés dans un drap blanc comme le veut la tradition.
Pépère, lui, faisait sa vie au rez- de chaussée, dans son débarras, près de la forge désaffectée, il menait consciencieusement son petit élevage de poulets et de lapins : à sa manière, il assurait une partie de l’intendance et cassait du bois . Tous les après-midi , il allait par les fossés couper à la faucille de l’herbe fraîche qu’il ramenait dans un sac de jute rapiécé sur le pousse-pousse de sa fabrication. Les lapins était savoureux quand il passaient à la casserole le dimanche. Il y avait en permanence une lapine en gestation, une nichée allaitée, et une portée à point. De temps en temps il échangeait un mal ou une femelle pour éviter la consanguinité. Pour assurer la jonction Jules cravatait de temps à autre une poule bien grasse à Jean Attané, pour le pot-au-feu dominical. De plus, la nuit , il allait au jardin de son gendre , garder les patates pour déjouer les mauvaises intentions des maraudeurs. C’était sa manière de mener une lutte de classe. Il nous a avoué cela beaucoup plus tard, après la guerre. Ce n’est pas qu’il prenait des précautions pour se présenter devant le Très Haut, mais tout simplement par espièglerie et malice. Il nous racontait son régiment, la guerre de 14, les diligences, son instituteur, son apprentissage de forgeron, mais aussi dans son débarras, quelques histoires de jupons :dans ce domaine, il était intarissable. Ces séances ne manquait pas de pédagogie. Il était très libre avec nous : J’ai encore en tête des conseils du genre :
-« Ne trempez pas le porte plume dans un encrier sale » !
Plus tard, pour se défendre à propos des petits larcins, il rétorquait qu’il en faisait profiter les prisonniers italiens . en fait il menait le même combat, souvent, il partageait avec eux leur soupe et leurs cigarettes :c’était autant d’économiser pour la maisonnée : c’est que , comme disait mon père :
Le grand-père a un bon coup de fourchette »…
-« Il ne faut pas lui en promettre, il faut lui en donner », ajoutait Jeannette
Et Camille concluait :
Il vaut mieux l’habiller que le nourrir » !
Le pain, le sucre, l’huile, le chocolat, la viande, les tissus, les chaussures étaient à la carte : que de fois , nous avons fait la chaîne tôt le matin pour un demi litre d’huile ou un bout de tissus ; et fallait se fabriquer le savon…Aussi, tous les stratagèmes étaient bons : je faisais les yeux doux à la fille de la boulangère, ou lui griffonnait sur un billet de 5 francs, un petit cœur avec nos initiales entrelaçées, alors en rougissant de bonheur, en cachette de sa mère, elle faisait semblant de poinçonner notre carte de pain….et nous avions double ration.
Nous grandissions à vue d’œil et à coup de grosses soupes, de haricots, de pâtes, et de topinambours et il faut bien l’avouer à coup de système « D » : ma mère au baquet ou aux fourneaux, mon père à la gare ou en déplacement, mon grand-père à l’élevage ou à la faux : véritable « Trinité » du temps de guerre . Les plus grands avions fait la communion et même la confirmation, mais, on ne nourrit pas des enfants avec L'eucharistie et la probité .Aujourd’hui j’espère que le Seigneur ne tiendra pas un compte rigoureux des péchés commis par toutes les trinités du monde : la Guerre ce ne sont pas les pauvres qui la déclarent ,mais ce sont eux qui la dégustent.
5 Raymond s’émancipe

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Raymond, le frère aîné, travaillait où il pouvait sans avoir le choix, tantôt à la société indigène de prévoyance et là, il perfectionnait son arabe, tantôt a la gare, comme boy-assistant du chef de district et , il s’initiait à la chasse . Il fumait son paquet de cigarettes par jour, au grand désespoir de notre père si sobre ; il attrapait alternativement la chaude-pisse ou des morpions pour avoir tremper son biscuit dans la tasse qu’il ne fallait pas…Il jouait au football : des parties mémorables qui se terminaient toujours en bagarres générales. Enfin il courtisait les filles : Odile ou Viviane, jurant fidélité aux deux à la fois le même jour. Il pouvait se le permettre : il était fort et beau garçon.
Jeanine
Ecolière ballottée comme nous tous, apprenait à repasser à la grande joie de Raymond, son employeur. Il la rémunérait largement, mais le 15 du mois, elle devenait son banquier :
-« Janine ! Qu’est-ce que tu as fais des sous que je t’ai donnés ?
-« Rien ! Que pouvait-elle en faire d’autre ?….
-« Tu as bien fait ! Alors, prêtes moi les…Tant et si bien que le repassage ne coûtait rien au frère aîné.
La Janine savait qu’elle agissait bien : elle ralentissait les dépenses au billard de la rue Bugeaud, dont je profitais aussi, et que si Raymond avait quelques économies, c’était pour participer au budget familial, budget plutôt ric-rac, rongé par le marché noir qui lui se portait très bien. Ainsi, tous les petits sous étaient les bien venus dans le pot familiale : Camille l’exigeait…
7 Monique se déguise
Monique jouait à la poupée. On l’appelait Miquette : C’était notre poupée à nous les grands : une marionnette toutes en boucles blondes, qui parlait comme un phonographe, qui se prêtait à toutes nos fantaisies de déguisement. On l’attifait en clochard comme « 40 Millions » et elle nous faisait peur comme le vrai clochard qui sillonnait les rues en titubant proférant des menaces avec un gros gourdin… Elle disait :
-« Je suis 40 Mïons tapi-tapon » et elle titubait, se laissait tomber les bras en croix comme l’ivrogne du village. Et c’est ainsi que les petits avaient une peur bleue du poivrot. /
Nous étions fiers de notre « tite sœur. Elle mettait toujours son grain de sel toujours au moment où il ne fallait pas, mais c’était l’innocence à l’état pur, tout le monde riait et se réconciliait. Elle avait 4 ans, et si mes souvenirs sont bons elle tétait encore, à cheval sur les genoux de ma mère… Les voisines de notre âge nous demandaient :
-« Prêtes-nous ta petite sœur » !
Elle était tellement belle que Jeannette lui enfilait toujours un tricot à l’envers pour conjurer le mauvais sort : le « mal dé ojo » : le mauvais œil. Plus tard, adolescente elle s’essaya sur les planches au cours d’un radio-crochet dans une imitation de Line Renault avec : ma cabane au Canada et Pampoudé : nous sommes aujourd’hui encore son fidèle public : à table ou au cours de ses expositions de peinture et elle compte bien sur nous pour ses « spectacles » et son impressario de mari n’est pas peu fier de l’artiste qu’il partage amoureusement avec nous.
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8 L’index écrabouillé
« je demande pardon pour les erreurs et les omissions »
Contrairement à Janine, elle n’avait pas peur du noir, j’en veux pour preuve cette anecdote :
Dès que la nuit tombait, il était hors de question que Janine aille seule dans la chambre d’à côté, aussi, Miquette l’accompagnait. Elles parlaient ou chantaient pour combler le silence et les coins noires. Un soir, les voilà parties, au fin fond du couloir, pour un pipi de la dernière minute : et c’est le drame : des cris déchirent l’obscurité au moment où une porte claque…
Toute la famille se précipite : de la petite main potelée et ensanglantée pend un petit doigt « écrabouillé.
Du sang partout,..C’est l’ affolement, des cris, des pleurs ; j’entends :
-« Du coton, un lange, comprime » !
Notre Miquette s’évanouit : c’est la panique…
Alors, notre grand frère, le boy-scout, devient l’homme de la situation dans un moment, de lucidité
-« Je l’emmène chez le docteur Mirgon !
Le lendemain, le petit doigt était recousu, et la « Tite sœur » gazouillait de nouveau :
-« Pourquoi tu pleurais maman, tu avais mal toi aussi » ?
9 polo au cours complémentaire
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Monsieur Vasseau directeur
Polo, le deuxième des garçons, cherchait sa voie au cours complémentaire, dont le directeur, monsieur Bresson était parti à la guerre. Son suppléant, monsieur Vasseau, réformé- embusqué, pouvait enseigner : les math, les sciences, le dessin, l’instruction civique , et la gymnastique : une vraie clé à molette ; il était « bizouche ». Il avait un œil qui jouait au billard et l’autre qui marquait les points ; on ne savait jamais qui il regardait. Pendant les interrogations écrites, avec son strabisme divergeant, il parvenait à surveiller à sa gauche et à sa droite. Avec des lunettes fumées et de brusques volte-faces, il était « imbaisable ». Il connaissait toutes les ficelles et nous étions obligés d’apprendre les leçons et nous passer des anti-sèches. A la tiaretienne, il rencontrait le père :
-« votre fils ne fout rien ! »
Le paternel le croyait à moitié : il voyait bien que je bossais à la maison et pour me convaincre de travailler, il me menaçait de me quitter de l’école et de m’envoyer travailler à la « S I P » avec Raymond , ce qui était ma hantise.
Les résultats aux examens et concours ont prouvé le contraire. En fait, il ne digérait pas que je trouve certaines solutions de géométrie avant lui.
Les atomes crochus avait déserté notre équation et toutes les occasions étaient bonnes pour me faire des croches pieds.
En sport, il m’engueulait :
-« Martinez ! tu marches comme un Lynx ! ». C’était sa manière d’animer la classe qui ne riait même pas. Il était mal placé pour se moquer de moi : lui qui marchait en crabe avec ses pieds plats et son œuf colonial. Sa femme était propriétaire du côté de Trumelet ,et il assurait la suppléance plus souvent à la ferme que dans le bureau du directeur..
En cours, il traînait sur les phrases et ne savait jamais où il en était : alors, il gueulait :
-« silence »
-« m’sieur on ne parle pas » ! rétorquait le petit Abécassis et il foutait dehors notre ami qui aussitôt faisait des grimaces par la fenêtre. Il s’en prenait à lui car il n’était pas grand et devait peser 35 kilogs tout mouillé. Il était moins sévère avec ceux
qui mesuraient un mètre quatre vingt.
mademoiselle AÏassa croise les jambes
J’avais un prof de lettre : la plus grosses des sœurs Aïassa. L’orthographe, les récitations, la grammaire, la rédaction, l’histoire, la géographie étaient ses compétences. On racontait des deux sœurs célibataires qu’elles étaient très libres avec les hommes ,et même avec les femmes. Je le crois, compte tenu de la façon dont elle croisait les jambes sans se soucier des garçons de 15 à 17 ans en proie aux fantasmes de leur âge. Les cours nous passaient par dessus la tête . Nos yeux allaient et venaient du tableau noir au tableau évocateur : le dessous de ses robes qu’elle relevait pour avoir moins chaud. Alors certains prenaient rendez-vous avec leur main la plus agile ou la plus caressante, Dévorés par je ne sais quels appels ; Ça ne coûtait rien, çà évitait les blénoragies et les piquouses du docteur Tchérépoff un Russe blanc qui avait fuit la révolution d’octobre et avait ouvert un cabinet rue Bugeau;(Témoin du docteur Mirgon le jour de son Duel ). Ainsi ,Layani Maurice, qui se rasait tous les jours, était autorisé à descendre au cabinet : il revenait tout rose, la manipulation terminée ; notre éducatrice savait bien ce qu’elle faisait : elle déchargeait l’atmosphère.
Frankechtène en musique
On avait baptisé notre professeur de musique du doux surnom de Frankechten. Il nous terrorisait avec son accent Al-ssa-ssien, ses grandes mains poilues, son regard foudroyant, accentué de sourcils en broussaille ; pour entrer en classe, il fléchissait les genoux afin que sa tête ne cogne pas le cadre de la porte . Avant de commencer son cours il faisait le ménage . notre musicien avait l’ouie fine et le moindre chuchotement déclenchait un :
-« Vous ssallez la boucler ! »
Il était retraité de la célèbre clique de la légion étrangère où il menait à la baguette les fortes têtes. Son cours consistait à nous faire écouter son petit piston qui disparaissait dans ses grandes mains. Pour ne pas gêner les classes voisines, il bouchait son instrument, surtout quand la grosse Aïassa était dans les parages : il était plein d’attention pour elle, et je suis certain qu’il nourrissait le secret espoir de boucher autre chose que sa musique. La Mad-moi-sselle, n’appréciait pas son ton mieleux et le rabrouait à la moindre occasion avec un air de dégoût qu’il était le seul à ne pas voir. En attendant,
9/36 deux fois par semaine, pendant une heure, il nous cassait les oreilles ; je n’entravais pas grand chose à ses dictées de notes .
Un jour, j’ai failli connaître mon premier K.O. : J’ai commis l’erreur de me boucher les oreilles, pendant qu’il s’époumonait vainement à produire des trémolots : sa grande main a puni tout à la fois : ma joue, mon oreille et ma nuque avec une « Baffe Majuscule » qui résonne encore dans ma tête comme une symbale, et ce ,sans que je puisse esquisser la moindre parade ; je me suis retrouvé projeter vers la porte de sortie, abasourdi, mais suffisamment lucide pour décider moi-même de quitter la classe afin d’éviter un deuxième round. La séance suivante , je déménageais vers le fond de la classe. Ce repli était le dernier : il n’y avait plus de place derrière. Tous les copains fuyait la première place. La troupe battait en retraite et Frankechten était vaiqueur.
Mademoiselle Klein en Anglais
Nous suivions aussi des cours d’ anglais avec Eveline qui semblait sortie d’ un compte de Perrault : Cendrillon et la Belle au bois dormant tout à la fois. Nous étions amoureux d’elle ,si j’en juge à l’empressement général pour lui effacer le tableau Elle était si fragile et si fine, si douce dans ses robes en organdi qu’elle nous inspirait le respect ; son accent était adorable ; elle ne participait pas au potins et aux intrigues de l’école. Notre seule déception, c’était que le fils de Frankechten lui faisait une coure assidue et empressée, cet intituteur prétentieux qui distribuait des gifles pour un oui ,pour nu non, quand il était de service à la récréation. Pour moi, elle était un peu plus : son père était cheminot comme le mien ; nous appartenions à la même famille des chemins de fer algériens. Autant nous balancions des cochonneries sur les nichons et le postérieur de la grosse Aïassa, autant, nous ne tolérions pas que l’un d’entre nous ait la moindre arrière pensée à son égard : on se serait battu pour « Elle ».
Mon plus gros chagrin fut le jour où je lui ai expédié une boule de neige, pas trop serrée, en pleine frimousse : j’en aurai pleuré ! Je me demande encore si elle me l’a pardonné?…
Madame Bresson et Rachid Daouadji
Je ne quitterais pas le cours complémentaire sans mentionner mon copain Rachid ainsi que madame Bresson dont le mari était à la guerre .Cette dame passait pour une institutrice chevronnée ; Rachid l’aimait bien aussi, je savais par lui ce qui se passait dans la classe de sixième où elle exerçait son talent. Le Rachid en question n’a jamais pu franchir le cap de la sixième. Après discussion, j’apprenais que la Bresson, un tantinet proxénète sur les bords, utilisait Rachid comme homme de main, bon à tout faire : en quelque sorte son surveillant général personnel ; en effet, avec ses un mètre soixante quinze, Rachid assurait la discipline de la classe : il avait délégation pour donner des « Baffs » : un accord tacite avait été conclu sur le chantier et le partage des taches. C’était une promotion pour mon copain, mais aussi un bâton de maréchal car la préposée le faisait redoubler tous les ans. A la fin de la troisième, je quittais le cours complémentaire Rachid était encore en sixième, il connaissait par cœur tous les
10/36 problèmes d’arithmétique, il était en mesure de donner des explications, et madame Bresson allait et venait de l’appartement de fonction à sa classe, s’occupant alternativement de son pot-au-feu et de son bras droit. Cette dame a certainement obtenu les palmes académiques, mais Rachid n’est jamais devenu instituteur…Cinquante ans plus tard , un premier ministre créait « les assistants d’éducation »…
L’Instruction civique
J’allais oublier les cours d’instruction civique, d’hygiène et sécurité. Pour les premiers, rien d’extraordinaire, ou de plus classique. Monsieur Vasseau nous initiait au droit de vote , son sujet favori : le suffrage universel. A cette occasion, il organisait une élection digne des plus grands moments de la révolution française : il découpait les bulletins de vote dans un cahier de brouillon ; pour l’urne, il exigeait la chéchia de Ferrat, et le vote commençait : l’enjeu : élire le responsable de quelque chose : l’armoire à eprouvettes, la bibliothèque, les chiffons de tableau, …Strulu, avec son air de séminariste était élu malgré lui, il était de corvée toute l’année, il prendrait toutes les engueulades. Quand ça se passait moins bien, histoire d’en quiquiner Vasseau, chacun poussait la sienne :
-« m’sieur !on plie le papier en deux ou en quatre ? »
-« m’sieur !m’sieur !on écrit Strulu au recto ou au verso ? »
La chéchia volait et prenait quelques coups de pied au passage, et pour rétablir l’ordre, notre expert en législation instituait l’état d’urgence : il distribuait quelques coups de règle qui rétablissaient l’ordre jusqu’aux opérations de dépouillement. Il manquait alors un bulletin : les élections étaient annulées ou il y avait ballotage : la grande cuisine se métamorphosa la semaine suivante, nouvelle élection, nouvelle « Barrouffas ».comme au temps de Robespierre, Vasseau instituait la « Terreur »en distribuant des claques aux plus petits bien sûr, et à Ferrat qui aimait ça…
Une semaine sur deux, on avait hygiène et sécurité. Il ne faut pas oubblier que nous étions en guerre, et que de temps en temps un avion allemand bombardait Alger et plus particulièrement l’hôtel Aletti où logeaient les états majors, et cela suffisait pour faire trembler tout le Magreb : d’où la sécurité : entraînement aux alertes. nouvelles occasions de chahuts. Quant à l’hygiène, elle se justifiait par le fait que de temps en temps , les poux occupaient le terrain. Je ne sais pas si c’est une coïncidence, mais je constatais qu’on avait regrouper les ennemis dans la même discipline, que quelqu’un avait fait l’amalgame entre les Allemands et les poux ; et c’était Vasseau qui, spontanément, courageusement, avait pris en charge ce combat d’arrière garde. Dans son programme , Vasseau était en retard d’une bataille : il était encore à la défense passive de 39-40 : un beau jour il nous a sorti d’une musette verte un masque à gaz que la mairie lui avait prêtée : on se disputait pour l’essayer si bien que Vasseau du rapporter à la mairie un masque à gaz borgne et que Strulu écopa d’un mois de colle : il était responsable devant le suffrage universel et les électeurs.
16 Les poux
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Vasseau était le fer de lance de l’hygiène, pour faire battre les poux en retraite , il consacrait ses cours en inspection des cuirs chevelus. Il Mettait toutes les chances de son côté pour se protéger de la vermine : il endossait un cache poussière gris, il sortait de l’armoire à éprouvettes sa plus grosse loupe, et, une règle dans la main droite la grosse loupe dans la main gauche, comme Scherlock Holmès à la recherche de pièces à conviction, il fouillait les têtes à distance avec un air dégouté ; son strabisme, lui permettait d’affecter un œil à la vermine et l’autre aux chahuteurs. Tout à coup, il tombait en arrêt , son coup s’allongeait, le règle frétillait, et le verdict tombait :
-« Vas-t-en chez toi !
Nous savions tous ce que cela voulait dire : l’envahisseur était là . Il inspectait tout le monde sauf Ferrat parce que son père exigeait qu’il ait le crâne rasé : Vasseau lui disait :
-« avec toi on ne risque rien » et il pouvait utiliser sa chéchia comme urne pour les élections… Le crane de Ferrat était luisant et cabossé comme un œuf dur qui a été maltraité dans la casserole. Vasseau tapait dessus avec sadisme. Je me demande, si Ferrat n’y prenait pas du plaisir lui aussi, vu que les calottes le faisaient rire et avaient aucun effet dissuasif sur son comportement…
Ferrat et Vasseau s’aimaient bien ; Vasseau calmait ses nerfs sur Ferrat, et Ferrat à tout prendre, préférait les calottes de Vasseau, à la trique de son Père…
Voilà pour l’hygiène à l’école ; à la maison, c’était une autre affaire. Le samedi, la grande cuisine se métamorphosait en salle de bain. Sur le La neige était au rendez-vous très souvent en janvier-février
L’hiver, nous luttions contre les rigueurs du temps dans la salle –à manger chambre à coucher transformée en chaudière de locomotive : le jour, dans la cheminée, flambaient des traverses de chemin de fer ;la nuit , jusqu’au petit matin deux briquettes se consumaient. Le père Ponsailler était notre pourvoyeur en charbon : pendant la manœuvre, il en balançait deux sur le ballast et Camille les ramenait sur le porte-bagage de sa bicyclette ficelées dans un bordereau poussiéreux de la petite vitesse et le chef de gare monsieur Balmelli ne voyait que du feu.
La pièce principale était Louis quelque chose, avec ses corniches, ses rosaces, ses plafonds de Quatre mètres, avec ses quarante-huit mètres carrés de
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carrelages aux motifs entrelacés et multicolores : j’y revoie ma mère, cassée en deux, les cheveux collés sur le visage en sueur, tordant son chiffon de parterre. Avec juste raison, le temps que ça sèche, elle nous interdisait d’y entrer. Notre Poêl rond, on chauffait une grande marmite d’eau, et, debout dans un grand baquet, qui venait de mémère, maman nous grattait la couenne avec un « stropajo »et du savon de sa fabrication. Elle inspectait nos bobos et nos écorchures. Pour finir , on faisait pipi dans l’eau savonneuse. La soirée se terminait en pyjama avec un grand « pichaor » de café au lait avec des « papasses » ou une assiettée creuse de riz au lait parfumé à la cannelle. Enfin, on nous expédiait au lit, ma mère, n’avait pas fini de passer la serpillière, que déjà nous dormions
17 Le bain maure
Plus tard ,notre duvet ayant noirci, et nos quiquettes étant devenues encombrantes, notre mère trouva plus pratique de nous expédier au bain maure : c’est avec Rachid que nous découvrîmes le « hammam ». Le Bain maure de la rue Thiers
D’abord, on ne pouvait y aller qu’à partir de cinq heures du soir, avec les hommes. On payait vingt sous par personne et trente sous pour deux frères en apportant sa serviette et son savon. A l’occasion, Rachid était mon frère et il profitait de dire maman à ma mère, lui, l’orphelin de mère dont le père venait de marier une jeunette de notre âge : âge ingrat, celui de tous les fantasmes, des convoitises les plus folles car Rachid était amoureux de sa belle-mère, mais il était surveillé par ses tantes qui épiaient le moindre regard :elles l’avaient mis en garde en lui montrant le couteau de boucher en passant l’index sous le menton.
Avec le temps nous découvrîmes que le hammam était réservé aux femmes jusqu’à cinq heures de l’après midi. Nous pouvions aller aux bains après les fatmas et leurs petits « Yaouleds » mais les hommes profitaient de ce croisement pour lancer des oeillades en direction des plus jeunes femmes ; ils les
12/36 reconnaissaient à leur démarche et à leurs babouches. ; Les plus entreprenants se faisaient insulter par les vieilles ; les plus coquines laissaient tomber un petit coin de leur voile, histoire d’être appréciée à leur juste valeur ;mais la majeure partie des filles pressaient le pas afin d’éviter les regards des hommes ; elles traînaient leur balluchon de linge sale et leur progéniture qui ne comprenait pas pourquoi ils étaient ballottés.
A cinq heure on entrait : des garçons à demi-nus remettaient en place les nattes en alfa tressée ;ils pliaient des piles de draps de bain qu’ils nous proposaient contre cinq sous ; le patron tenait la caisse à l’entrée, assis derrière un pupitre bariolé à l’oriental de vert , de rouge, et d’or ; des colonnettes torsadées, finement dessinées, encadraient des calligraphies arabes tirées du Coran. Entre chaque client, il aspirait une gorgée de thé brûlant qu’il disputait aux abeilles avec un éventail ; sur un plateau de cuivre, dans une théière finement ciselée, infusait le précieux breuvage aphrodisiaque qu’il offrait aux clients argentés et fidèles. Pour se protéger des insectes il fourrait dans ses narines une feuille de menthe fraîche ou une branche de basilic piquée entre l’oreille et la chéchia. Dans la salle commune, partagée en boxe autour d’un patio discrètement éclairé, régnait une douce chaleur et un calme reposant. On murmurait pour ne pas gêner les voisins : ici un fellah terminait sa sudation, enveloppé dans un drap rayé ; là, un garçon massait avec application un dos blafard et faisait craquer la colonne vertébrale et les articulations. On se déplaçait sur des claquettes en bois, torse nu, pudiquement enroulé dans une serviette. On se glissait dans le hammam de plus en plus noir par une porte qui se refermait toute seule grâce à une poulie qui gémissait à la moindre sollicitation. La , c’était le choc : impossible d’aller jusqu’au bout de la première inspiration, on suffoquait, on étouffait dans la vapeur à couper au couteau ; enfin on respirait par petites bouffées. Très vite, la chaleur nous faisait suer par tous les pores ; ça sentait ni la cave, ni l’humidité, ni le savon, ni le mouton, ni le couscous, ni le basilic, ni la bouse de vache…, en fait ça sentait l’Algérie :un mélange de « chorba », d’écurie, d’épices et de transpiration. Une ampoule embuée produisait des coins sombres où l’on devinait des ombres luisantes. Une étoile vitrée, sertie au sommet du plafond en forme de dôme, laissait filtrer les dernières lueurs du jour. Une rigole courait autour de la pièce d’où montait de la vapeur qui se condensait sur les murs. De petits bassins individuels permettaient de préparer son eau à la bonne température. Sur chaque rebord une boite de conserve qu’on utilisait pour s’asperger, mais aussi pour manifester et signaler que l’eau chaude n’arrivait pas. Il faut avouer aussi q’on s’en servait pour enquiquiner les vieux qui ne supportaient pas nos éclats de rires :alors, le vacarme des boites attirait les masseurs musclés, et le seul gémissement de la poulie rétablissait l’ordre ; un charabia d’insultes nous éclaboussait nous traitant de « djenouns », d’artails, d’ould carhba, tout l’arbre généalogique y passait : les sœurs , la mère, le père, les aïeux, les vivants , les morts, et même ceux qui devaient naître.
Le temps ne nous était pas compté . L’hiver, on y était bien, mais cet atmosphère étouffant et confiné nous engageait à regagner les boxes où l’on comparait nos biceps. Les garçons de salles n’étaient pas contents lorsqu’on se pendait aux barres métalliques qui épaulaient les voûtes : nouvelles insultes avec menaces d’expulsions collectives. Alors Rachid négociait en arabe une clémence et tout rentrait dans l’ordre.
On sortait du bain maure par la rue Thiers, décrassés, délassés, la nuit s’était glissée dans les portes cochères et les couloirs, l’air pur nous revigorait, on
13/36 descendait la route de Trézel, on passait devant la gendarmerie, on sifflait les copines qui faisaient leurs devoirs, on poussait le cri de Tarzan ou mieux : »AAOUYO SEYOUMBA » ! Et les chacals nous répondaient .et tout le Sersou jappait.
Arrivés au moulin Friesse, après avoir dépassé le château Rousseau on se serrait la paluche à s’en briser les doigts
-« A demain mon frère » me lançait Rachid.
On se séparait : il partait vers les docks , je prenais la rue des Girondins...
18 La fièvre Typhoïde
19 Les sauterelles
20 Le brevet élémentaire Ardaillon
21La gendarmerie les cours particuliers
22 la medersa l’arabe
23 Rachid et sa marâtre
24 La salle des fêtes
La place de tiaret:restaurant du cousin Rodriguez sous les arcades Rue bugeaud où nous jouions au billard Entre midi et deux j'allais ghercher les eaux grasse pour la tourie et je descendais à la gare donner à manger aux cohons. Le kiosque et le jet d'eau n'existaient
14/36 la place Carnot Le restaurant du cousin Rodriguez ou j'allais récupérer les eaux grasses pour la Tourie entre midi et deux . Phopo prise de l'hotel d'Orient
G: gedarmerie Maison Atanée-Pradel où nous habitionsH: mairie ,salle des fêtes qui a bercé mes rêves avec Gilberte. Je lui devais bien çà elle m'a préparé au Brevet élémentaire
14:Rue thiers ,le bain-maure, la boulangerie
Gare: Les patates, la cochonière
Ancien plan de Tiaret C.C =cours complémentaire
Tiaret Salle des Fêtes et l'Eglise
L'église de Tiaret: J'ai été le parrain de Jean- Paul Fontès,le fils du gendarme
J'ai du déboutonner ma veste comme m'a dit madame Fontès:Javais 16 ans...
C'est dans cette salle que je dansais le tango avec Gilberte Machet
Nous allions en sortie avec le cours coplémentaire à Tagdempt on se baignait dans la Mina (une rivière dangereuse) sous l'oeil vigilant des Profs
Raymond jouait au foot dans les villages alentour
La gare de tiaret 2 charretons et leur propriiétaire
Le cours complémentaire,entre les deux tours le château Rousseau. A droite de la tour la maison Attané où nous habitions
La gendarmerie Les Trois soeurs Les cours particuliers
J'ai 15 ans, je suis au cours complémentaire, à la fin de l'année scolaire je dois présenter le brevet élémentaire. La guerre 39-45 est sur le point finir. Mr Bresson a retrouvé son poste ; Il nous commente l'avancement des troupes sur une carte de géographie . des prisonniers de guerre débarquent en gare de Tiaret Leurs officiers les encadrent vers la redoute .
Raymond travaille à la S I P il parle parfaitement L'arabe Il enregistre les récoltes de céréales que les indigènes rentrent aux Dock . Il papillonne, avec les filles : Viviane Ignesta et Odile Trujillo ; Il est beau ; il gagne sa vie ;il fume ce qui exaspère le paternel et provoque des conflits dans la famille Il fait du foot de compétition qui se termine souvent en bagarre générale Je suis spectateur et j'en souffre. Les frères Scandeur sont les meilleurs joueurs; durant les conflits. Raymond est le plus assidu aux moments des empoignades.
Jeanine va en classe en 6°. Elle est jeune, très sollicitée à la maison où nous sommes 7: maman doit préparer 14 repas par jour, la conjoncture est défavorable :nous sortons de la guerre Le »Père » fait des prouesses: : il plante des patates, élève sa truie , Pépère élève ses volailles et ses lapins Le père de Rachide l'approvisionne en Criblures denrée rare, alors il ramasse de l 'herbe dans les fossés; maman est à bout de souffle , Le docteur Mirgon la rétablit elle pleure souvent sous le poids des difficultés ;il est temps que la guerre finisse.
Le père fait les trois huit, et quelques déplacement en qualité de chef de train pour arrondir les fins de mois. Le train déraille il reçoit l'extrême oction : 2 mois d'hôpital
Moi , je sens que le cours complémentaire tire à sa fin; que mon père me promet la S I P si je n'ai pas le brevet La S I P je connais. Ce n'est pas le Pérou
Avec le brevet , Je peux être instituteur, je peux présenter les concours; la poste,Matifou, Dellys, les chemins de fer, Maison Carré, les compagnons de France où je ne serai plus à la charge de mes parents.
Je préfère le brevet élémentaire. Aussi je bosse . Je travaille sur le balcon: je vois la rue, les militaires, les camions américains, . Je suis guéri de la fièvre typhoïde par le brave docteur Tchérépoff mais j'ai manqué 3 mois en 4°. Toujours des lacunes en orthographe et en français je dois réviser la physique- chimie, apprendre l'histoire- géo j'ai de quoi m'occuper.
Heureusement Gilberte Machet
Les 3 Machet!!!C'est quoi ça?
Ce sont 3 soeurs, originaires de Montgolfier
, orphelines de père et de mère: Héritières dont l'oncle est le tuteur
Gilberte , l'aînée qui continue ses études à Mostaganem en brevet supérieur se destine à l'enseignement elle habite chez son oncle. A chaque vacance, elle monte à Tiaret pour s'occuper de ses deux jeunes soeurs Eliane et Arlette.
Eliane la cadette, en 3° fille, . a mon âge et le brevet en perspective: joviale , intelligente Joueuse? Elle travaille car Gilberte veille aux grains ; J'ai beaucoup d'estime pour Eliane et peut être plus mais la timidité de l'adolescence nous sépare; Cependant nous avons quelques secrets étouffés. Rachide mon copain sert de téléphone arabe entre nos silences amoureux.
Arlette , la benjamine fréquente la 5° , déjà grandette; De jolis yeux bleus,blonde ;mais complexée pare ce que incontinente . Leur logeuse Habite une annexe du château Rousseau et assure l'encadrement du personnel . Les Friess propriétaires du château et du moulin sont souvent absents. Le soir j'approche Eliane Dans ce chateau de comte de Fée
Gilberte est l'aînée Elle a l'oeil sur ses deux jeunes soeurs et sur moi. La seconde est amie avec le gendarme Fontès et sa femme. Ils ont 3 enfants: Un garçon (X) et 2 filles de l'âge de Jeanine; Janny et Monique. Ils auront un 4° enfant dont je suis le parrain qui se prénomme Jean-Paul
Cela fait beaucoup de monde!!
En Hommage aux orphelines, je voudrais avoir un mot sur Gilberte.
Quand elle vient à Tiaret, elle s'occupe de nous : D'abord de ses soeurs et de moi
Pourquoi de moi? ....je me le demande encore.
Avec sa vista de soeur aînée, elle est consciente que nous devons obtenir le brevet /
A la Noël : 15 Dictées-Questions...Seuls
A Pâques; 20 '' '' ... Seul s Elle me sépare de Eliane avec des cours particuliers Gratuits et l'accord de mémé Jeanne.
Elle m'a à l'oeil ainsi que Eliane! Comme elle avait raison!. Elle a mis de l'ordre dans nos sentiments :Objectif le brevet.
Pendant les dictées, la ponctuation, les analyses logiques, les explications de mots, les conjugaisons, les principales et les subordonnées, et tout le reste, elle m'engueule quand elle sent que je m'évade, que je regarde son corsage au lieu de réfléchir; elle me fait travailler avec une montre et ce pendant 2 heures.
A chaque séance je sors épuisé: Elle est intelligente, maternelle ; j'ai la taille d'un homme, J'ai beaucoup grandi pendant la fièvre typhoïde mais la jugeote n' a pas suivi. Elle est faite pour enseigner. Elle est chef de famille.J'en fais partie.
Aussi, le Samedi soir, elle emmène toute cette jeunesse au bal à la salle des fêtes rue Beauprêtre . Je ne m'occupe pas d'Eliane mais de mon professeur. Personne ne l'invite . Alors nous avons dansé;...dansé.. Ce n'est pas son fort , et je deviens celui qui lui apprend quelque chose: Danser : on se marche sur les pieds, on se cogne, on se touche on se serre. Mes copains sont surpris et nous annoncent: --Vous faites un joli couple ! nous sommes ravis tous les deux . On ne se quitte plus Son rouge à lèvre effleure ma chemise et mémé Jeanne me demandera des comptes Elle sent bon: je respire ses cheveux.
C'est souvent que des élèves s'attachent à leurs professeurs ...
Quelques mois plus tard, Eliane rentrait en école d'infirmière et j'intégrais Cap- Matifou ,
J'ai oublié les Orphelines....Je leur demande pardon
PS: merci de nous avoir montré le bon chemin et de m'avoir adopté dans ta famille orpheline; de m'avoir donné les conseils dont j'avais besoin.tu as partagé ton affection entre tes soeurs et moi-même; ma négligence a fait que je te perte de vue.après le bilan d'une vie , ta générosité partagée avec tes soeurs a fait de moi le frère que vous n'aviez pas eu et que tu as protégé;
Encore Merci de ton dévouement et de m'avoir donné le goût de l'effort
J'allais au cinema Casino avec Jacquelne ou au Vox
Nos copains de classe musilmants allaient aussi à la médersa et y préparaientt l'indépendance de l'Algérie
La cour de récréation du cours complémentaire à Tiaret
Le préau du cours complémentaire à Tiaret
Sur cette photo je suis prêt à partir pour la guerre en me regardant Mr Bressoon Me traitait de ' Moujic' ( Paysan Russe) j'avais 15 ans
Mon père est amené dans dans un camion il m'appelle en Gémisant ;
--Va dire à Maman que je vais bien .A Trumelet il a reçu l'extrême Onction. Il passe 2 mois dans une gouttière . Le docteur Mirgon le remet sur Pied Avec des poids nous allons à tour de rôle l'aider à prendre ses repas dans cette chambre
Le docteur mirgon y a soigné papa accidenté dans le train Tiaret- Burdeau: guerre 39_45
La rue Cambon, le Marché couvert entre les arcades et la banque en face de la banque le dentiste
La société indigène de prévoyance où j'ai travaillé un été, je comptais les grains de blés contenus dans 100 grammes le prix payé était fonction de ce nombre ; les jours de paye, nos bureaux étaient sur le trottoir sous la marquise ; autrement je travaillais au première étage, :la fenêtre centrale, la rue était encombrée de fellahs et de bourricots
1 Balmélli, 2 Spitéri, 3 Martinez la hiérarchie
Chef de gare, Sous cfef, enregistrantLa locomotive qui nous ramenait de Mostaganem Au fond le bureau du chef de district A droite la buvette ( style cabanon de Damesme)
La clinique beige Mirgon est celle où le chirurgien Mirgon a recousu l'index de Monique
a pratiqué la totale à Mémé jeanne , a réparé la blessure de Raymond ( Carabine)
C'est aussi Mirgon qui a soigné Papa après l'accident de train à Trumelet à l'hopital militaire situé à la Redoute à, Tiaret voir (Photo plus haut)
Monsieur Ponsaillé était le méccanicien de la même machine
à vapeur avec son chauffeur
G: gedarmerie Maison Atanée-Pradel où nous habitionsH: mairie ,salle des fêtes qui a bercé mes rêves avec Gilberte. Je lui devais bien çà elle m'a préparé au Brevet élémentaire
14:Rue thiers ,le bain-maure, la boulangerie
Gare: Les patates, la cochonière