vendredi 11 juillet 2008

34- 10. Pépère trouve un travail

Pépère, qui avait été jusque là un grand-père distant, pour ne pas dire indifférent, commença une carrière dans l’art d’être grand-père et Miquette devint tout naturellement sa chou- chou ; en fait elle était la chou- chou de toute la famille. Mais le grand-père, lui, découvrait une véritable vie de famille, à l’écart du bistro et des plaisirs faciles ; et puis il y avait la photo de Pauline le soir qui lui demandait des comptes : il prit conscience, les difficultés du pain quotidien, mais aussi l’amour, la solidarité, la gaieté, la générosité du foyer furent le terreau de sa conversion ; dès lors, il s’occupa du potager, des poulaillers, du bois, des arbres fruitiers et puis il trouva un travail avec la complicité de son gendre : il gagnait son argent de poche, il fumait de moins en moins. De temps en temps il revenait du boulot via le café de Marcovitch : le rendez-vous des beloteurs, des joueurs de foot, on racontait même des joueurs de poker et des buveurs d’anisette.
Le grand-père comprit que nous avions besoin de surveillance et d’occupation pendant les vacances. Il fit de Raymond un garçon de café, puisqu’il avait ses entrées chez Marcovitch le cafetier. Je revois mon aîné avec un tablier bleu à grande poche où il fourrait son décapsuleur et ses pourboires.
Il m’amenait à son boulot et il m’affecta à la bascule pour peser les sacs de blés pendant qu’il notait les poids sur un carnet à souches roses ; il parlait parfaitement l’Arabe, avec autorité, mais toujours avec justice, ce qui lui valait l’estime des indigènes. Il inspirait le respect avec sa corpulence et sa voix de sentor. Les Arabes l’appelaient le Marlem.
Mon grand-père devint mon maître d’apprentissage, et il prit le temps de m’apprendre à utiliser la bascule, à faire la tare, à régler le balancier, même à peser juste avec une balance fausse ; autant d’opérations qu’on ne nous avait pas apprises dans la classe du certificat d’étude.
Le jardin de la maison Hernadez; Pépère travaille le jardin, élève des poussin, des lapins, des perdreaux plante des chrysanthèmes fabrique un portique

dont Janine profite Soigne les arbres Travaille pour le maire Mr Barthe et le soir je suis sûr qu'il sourit à la photo de Pauline la tête haute

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