dimanche 22 novembre 2009

Monique à Béni-Ounif 1947 prologue-épilogue

BENI-OUNIF
1947
PAR MIQUETTE
Table des Matières
1-Prologue; l'expédition de la future couturière: tata Nénette
2-Ounif La maison, la gare, la famille 1946-1947
3- Polo une semaine à Ounif
4-La Vie: les gâteaux secs ;les voisins
5-L'école: une année scolaire avec mon garde du corps
6-Figuig les achats à pieds sur la piste
7- les cadeaux, les bestioles,le chef de Gare et le scorpion noir
8-Le Mariage au « Ksar» les milles et une nuits.je rêve !
9- Le pont du chemin de fer1907et 1947 photos
10 Les débris d'un avion
11- Epilogue
1 PROLOGUE
L'Expédition de la future couturière
Mon Paulo!
Comme tu le souhaitais, je vais esayer de faire appel à mes souvenirs de petite fille, pour te raconter les moments heureux de Béni-ounif.
Tout b'abord, sache que si j'ai une bonne « plume »,je n'ai pas ton talent 'Pagnolesque' pour écrire. D'avance, pardon pour les fautes de français et d'orthographe que je fais, ce sera d'avantage le coeur, que la tête qui guidera ma main.
Je pense que je n'avais que 6 ou 7 ans à l'époque, donc que ce sont des flahs que ma mémoire d'enfant aura retenus.
2 La maison, la Gare, la Famille
Aussi loin que remonte cette mémoire, je revois la gare immense; l'on revoit toujours les bâtiments d'enfance bien plus grands qu'ils ne le sont en réalité. Un vrai fortin de western avec des machicoulis et des meurtrières ouvertes sur des blindages
En bas, les bureaux, le hall, le grand portail: le domaine de notre cher chef de Gare. Travail, surveillance, perfectionnisme, il menait cela de mains de maître....
Au premier étage, notre logement, spacieux, avec ses chambres réservées aux inspecteurs de passage .Bien sûr le domaine de notre chère Maman. Dans sa cuisine, une fenêtre donnait sur les voies. En face, à environ 300 mètres ; l'école mixte avec un cours unique, du C P au certificat d'étude, Chaque fois que je partais, maman se postait là et me surveillait; A mon retour, quelques heures plus tard, , elle était .à nouveau à sa vigie ; nous échangions à distance des gestes, des careses, qui ressemblaient à des baisers ça voulait dire: « je suis là » ne t'inquiètes pas!
Elle gérait ce petit monde avec tendresse et autorité La famille était éclatée:depuis vos départs: toi à Cap-Matifou,, Jeanine à Mostaganem chez tata Nénette pour terminer ses cours de coupe et couture , Raymond , marié à Michelle Mourra à Kénadza en qualité de comptable aux Houillères du sud orannais
Je revois maman , à Pâques, préparer des couronnes ( royicos ). Il y avait une importante communauté juive à Béni-ounif. Elles étaient expertes en cuisine et pâtisserie et Jeannette était à bonne école. Elle montait la pâte posée dans un linge blanc, emmitouflée dans une couverture , le tout posé sur le lit à l'abrit des courants d'air: une merveille pour l'oeil et l'odorat pendant la cuisson; Elle allait les faire cuire au four du boulanger après la fournée de pain; Elle y échangeait des recettes.avec des juives ou des muslmanes
Une fois cuite, elle les stockait dans des boites en fer: une pour Paulo, une pour Jeanine, une pour la maison: J'ai encore en mémoire l'odeur de l'anis et de la fleur d'oranger.
Sur le toit du 'fortin': une éolienne pour l'électricité ( je crois ) ,une échelle métallique intérieure conduisait à une immense terrasse. Nous y montions tous les trois: Papa ,Maman et moi pour y dormir les nuits de canicules; C'était merveilleux sous le ciel étoilé du grand Sud.
Pépère Roquefère se retirait dans son grand jardin, derrière la gare ,à l'ombre d'immenses palmiers dattiers: il m'expliquait le « mariage des palmiers »?.: Polynisation
A une certaine période de l'année, le début du printemps, je crois ,Papa embauchait un indigène, un « fellah »; Celui-ci, muni d'une serpette grimpait aux coeur des palmiers où des grappes de fleurs blanhes pendaient dans l'attente de cette cérémonie: il prélevait le pollen des uns pour le déposer sur les autres et ainsi de suite.... Quelques mois plus tard, les branches ployaient sous le poids des régimes de dattes , gorgés de sucre, de soleil et murs à point
3 Paulo: vacances de pâques Une semaine à Béni-Ounif
Mon père est nommé à Béni-Ounif , il est Chef de Gare, je suis élève à l'E N P A Monique a 6 Ans J'ai 18 ans. La gare est construite comme un Fort avec des meurtrières et une éolienne pour l'électricité . Cette dernière Couine toute la nuit et le paternel est devenu expert en batteries; je visite les alentours . A quelques centaines de mêtres le village , la garnison ,l'administrateur,l'école où Monique apprend à lire avec les indigènes .Dans un Enclos à proximité de la gare mon père me montre l'épave de l'avion dans lequel a péri le Général « Leclerc »
Il y a un train qui passe et pas tous les jours. Il faut se calfeutrer il fait très chaud le jour et très froid la nuit; j'ai l'impression de débarquer dans un « west-terne sur la lune Quand le train arrive les braves « autochtones » sortent du Ksar ils sont Indolents .Ils admirent la civilisation qui vient de l'horizon. A part l'affection de la famille que je trouve au cours de cette escale, Ounif me laisse un souvenir de sévérité , de vide, d'envie de partir pour retrouver mes projets, mon avenir, mes copains , le foot, mes professeurs. Je mesure la chance que j'ai de continuer l'école et surtout une future sécurité matérielle , la promesse d'un travail pour plus tard, l'assurance de loisirs immédiats. Le train qui me ramène dans le Tell ressemble à « l'ascenseur social » si convoité, à la mode aujourd'hui. Ce voyage à Ounif m'a permis d'avancer, de grandir de réfléchir de quitter l'adolescence et de me rapprocher des adultes Quand j'écris ces lignes, je suis un Sénior arrière grand-père qui souscrit au proverbe: « Les voyages fornent la jeunesse » Aussi, Je m'empresse de retourner à Cap- Matifou pour aller plus loin.
Polo vacances de pasque1947